3 questions de Marc Desgrandchamps à Jean-Marc Forax
Marc Desgrandchamps, né le 31 janvier 1960 à Sallanches, est un peintre et graveur français .
Après avoir effectué ses études à l'École des beaux-arts de Paris de 1978 à 1981, il vit et travaille à Lyon.
Après avoir effectué ses études à l'École des beaux-arts de Paris de 1978 à 1981, il vit et travaille à Lyon.
Marc Desgrandschamps : 1 Vous êtes à l’origine des “Soirées dessinées”. Le fait d’avoir imaginé un événement où il s’agit de dessiner à plusieurs et d’aborder collectivement l’art et la création a-t-il pour vous une résonance politique ?
Jean-Marc Forax : Pas politique dans le sens clivant du terme. Si il y a une résonance c’est vis-à-vis de ce que j’attends de l’art en général, mais aussi de la société : la collaboration, que l’individuel soit au service du collectif, et inversement. La réussite, le talent, le travail de l’un devrait profiter au collectif. Et « en retour » le collectif devrait porter les individus. C’est ce que j’attends de notre société et c’est aussi ce qui m’a poussé à créer les Soirées Dessinées avec Sylvain.
2 Vous faites souvent référence à la culture japonaise. En quoi cela nourrit-il votre démarche artistique et votre manière d’envisager le monde ?
J’ai fait des études de Japonais en parallèle de mes années aux beaux-arts de Paris. Je suis passionné de cinéma japonais, et de manga aussi. Cela nourrit évidemment ma démarche artistique, mes influences principales sont des réalisateurs japonais comme Ozu, Teshigahara, Masao Adachi, etc… c’est une culture très différente de la nôtre, une langue très différente, et cela m’a donné le goût des rencontres. La rencontre avec le japon a été une telle source de plaisir et d’enrichissement que j’ai développé une véritable addiction à la rencontre, c’est en cela que je pense que ma manière d’envisager le monde a été nourrit : le monde est une source de découverte.
3 Comment concevez-vous le rapport qu’entretiennent vos dessins avec d’autres formes comme le cinéma ou la vidéo, ou pour être plus précis le rapport entre l’image fixe et la mobilité ?
On touche ici un point principal de mon travail.
J’aime beaucoup le cinéma, c’est un médium que je trouve « facilement identifiable », c’est du « réel enregistré » et je m’identifie directement à ce que je vois. C’est peut-être plus populaire que la peinture ou le dessin, de mon point de vue en tout cas. Mais comme j’ai une longue formation en dessin classique (j’ai commencé très jeune, poussé par mes parents) j’ai aussi ce rapport « affectif » avec les images fixes.
C’est sûrement à partir de là que je me suis tourné vers des artistes dont les images fixes renvoient au cinéma (il me vient Hopper en tête) et des réalisateurs qui invoquent la peinture, le dessin (là c’est Kurosawa qui me vient en tête et ses magnifiques scénettes dans 夢 Yume, où l’on rentre dans un tableau de Van Gogh, et puis tous les dessins préparatoires de Kurosawa, images fixes « squelettes » des images animées à venir).
Ce qui me fascine c’est que l’on touche aux limites des images animées avec les images fixes, d’un point de vue du dispositif (succession d’images fixes font une image animée). Et des images fixes (incapables de mouvements, qui doivent trouver des petits « trucs » pour signifier le mouvement) via les images animées.
Tout cela me fascine. Car c’est notre perception, nos outils pour recevoir l’art.
Et j’ai plaisir à continuer dans mes recherches via les Soirées Dessinées : il me plait de penser que puisque nous filmons les performances et que nous ne gardons pas les dessins, d’une certaine façon nous faisons des images animés d’une image fixe.
Jean-Marc Forax : Pas politique dans le sens clivant du terme. Si il y a une résonance c’est vis-à-vis de ce que j’attends de l’art en général, mais aussi de la société : la collaboration, que l’individuel soit au service du collectif, et inversement. La réussite, le talent, le travail de l’un devrait profiter au collectif. Et « en retour » le collectif devrait porter les individus. C’est ce que j’attends de notre société et c’est aussi ce qui m’a poussé à créer les Soirées Dessinées avec Sylvain.
2 Vous faites souvent référence à la culture japonaise. En quoi cela nourrit-il votre démarche artistique et votre manière d’envisager le monde ?
J’ai fait des études de Japonais en parallèle de mes années aux beaux-arts de Paris. Je suis passionné de cinéma japonais, et de manga aussi. Cela nourrit évidemment ma démarche artistique, mes influences principales sont des réalisateurs japonais comme Ozu, Teshigahara, Masao Adachi, etc… c’est une culture très différente de la nôtre, une langue très différente, et cela m’a donné le goût des rencontres. La rencontre avec le japon a été une telle source de plaisir et d’enrichissement que j’ai développé une véritable addiction à la rencontre, c’est en cela que je pense que ma manière d’envisager le monde a été nourrit : le monde est une source de découverte.
3 Comment concevez-vous le rapport qu’entretiennent vos dessins avec d’autres formes comme le cinéma ou la vidéo, ou pour être plus précis le rapport entre l’image fixe et la mobilité ?
On touche ici un point principal de mon travail.
J’aime beaucoup le cinéma, c’est un médium que je trouve « facilement identifiable », c’est du « réel enregistré » et je m’identifie directement à ce que je vois. C’est peut-être plus populaire que la peinture ou le dessin, de mon point de vue en tout cas. Mais comme j’ai une longue formation en dessin classique (j’ai commencé très jeune, poussé par mes parents) j’ai aussi ce rapport « affectif » avec les images fixes.
C’est sûrement à partir de là que je me suis tourné vers des artistes dont les images fixes renvoient au cinéma (il me vient Hopper en tête) et des réalisateurs qui invoquent la peinture, le dessin (là c’est Kurosawa qui me vient en tête et ses magnifiques scénettes dans 夢 Yume, où l’on rentre dans un tableau de Van Gogh, et puis tous les dessins préparatoires de Kurosawa, images fixes « squelettes » des images animées à venir).
Ce qui me fascine c’est que l’on touche aux limites des images animées avec les images fixes, d’un point de vue du dispositif (succession d’images fixes font une image animée). Et des images fixes (incapables de mouvements, qui doivent trouver des petits « trucs » pour signifier le mouvement) via les images animées.
Tout cela me fascine. Car c’est notre perception, nos outils pour recevoir l’art.
Et j’ai plaisir à continuer dans mes recherches via les Soirées Dessinées : il me plait de penser que puisque nous filmons les performances et que nous ne gardons pas les dessins, d’une certaine façon nous faisons des images animés d’une image fixe.